Les lavoirs autrefois


Texte de M Roynel ? ........Retour

Extrait de Pierres Info mars 2004

Autrefois, pour les femmes, le jour de la lessive était un événement important : cette opération n'avait lieu, en général, qu'une ou deux fois par an. On lavait le linge accumulé depuis plusieurs mois, ce qui supposait plus d'une journée entière d'un travail harassant. Cette rareté des lavages obligeait les maisonnées à emplir leurs armoires d'impressionnantes piles de linge. Sans aller jusqu'à compter le nombre de draps, de torchons ou de chemises, chacun se souvient des trousseaux d'antan !

Au jour voulu du printemps ou de l'automne, les femmes se mettaient au travail en s'entraidant naturellement. Certaines faisaient appel à une lavandière ou lessivière. Métier particulièrement pénible, car elle vivait dans la buée, les pieds mouillés, les mains fripées et déformées par les rhumatismes. Après avoir coulé la lessive dans la buanderie, opération longue et délicate, venait alors le rinçage au lavoir. Des lavoirs étaient aménagés le long de certaines rivières où les femmes se rendaient en cortèges pour rincer les lessives familiales. Dans certains villages éloignés de la vallée, le rinçage s'effectuait à la mare communale ou à la fontaine.

A partir de 1860, les communes firent construire des lavoirs couverts, dont certains plus élaborés avaient un plancher mobile qui pouvait être réglé en hauteur en fonction du niveau de l'eau. Ce travail était souvent confié au garde champêtre.

L'animation commençait tôt le matin. Les paniers de linge mouillé étaient descendus de la brouette ou de la charrette. On déchargeait aussi le seau et le baquet dans lequel on faisait dissoudre la "tototte" de bleu (boule de bleu emmaillotée de chiffons). La lessivière attendait parfois que soit libre sa place préférée. A la mare, elle convoitait l'endroit où l'eau était la plus claire, près de l'oeillet (arrivée de l'eau).

Elle se mettait alors au travail: d'un geste preste, elle lavait la pierre, trempait son linge dans l'eau claire, le ressortait, le tordait, le battait à l'aide de son battoir pour en exprimer l'eau savonneuse, puis recommençait jusqu'à ce qu'il n'y ait plus de traces blanchâtres dans l'eau...

La lessive terminée, il fallait remonter les brouettes chargées de linge. Il séchait au grand air, parfois étendu sur l'herbe, s'imprégnant du parfum subtil de l'air environnant. Voilà pourquoi les lourdes armoires de nos grand-mères fleuraient bon mille senteurs champêtres.


C'est avec émotion que les Anciens évoquent la lessive "du trousseau de la mariée". On se pressait au lavoir pour l'admirer. Certains se souviennent aussi de la charrette enrubannée ou décorée de fleurs pour la circonstance. A.L

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